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Chomsky sur le 11/9: un linguiste au service de l’Empire?


 

Table des chapitres

  1. Introduction
  2. L’image de Chomsky avant le 11/9
  3. La position de Chomsky sur le 11/9 : extraits de L’ivresse de la force
  4. Questions
  5. Analyse détaillée des énoncés de Chomsky autour du 11/9
  6. Synthèse comparative des méthodes chomskyennes
  7. Réponses aux questions
  8. Conclusions : l’image de Chomsky aujourd’hui

 

I. Introduction

Parmi les gens qui s’intéressent à cet événement extraordinaire du début du XXIè siècle que constituent les “attentats” du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, on peut distinguer trois catégories principales de positions :

    • d’une part, ceux qui pensent ou disent que le 11/9 est un complot1 islamiste dirigé par Ben Laden et mis en œuvre par un réseau terroriste dénommé Al Qaïda, c’est la version officielle;

    • d’autre part, ceux qui doutent de la version officielle, et qui pensent qu’il s’agit très vraisemblablement, par défaut d’une explication plus rationnelle, d’une opération militaire sous faux drapeau (False Flag operation), organisée probablement par le gouvernement américain, à tout le moins, une partie déterminante de celui-ci, en relation avec des services de renseignements étrangers : c’est, très schématiquement, la version alternative, représentée notamment par le Mouvement pour la vérité sur 11/9.

    • ceux enfin, pour qui – c’est le cas de certains des représentants les plus éminents du Mouvement pour la vérité, tels Griffin ou Chiesa – il n’y a pas à proprement parlé de version alternative, mais plutôt une dénonciation pure et simple de la versionofficielle. Cette dénonciation n’est ni une théorie, ni une version, ni par conséquent, une éventuelle contre-théorie d’ordre “conspirationniste” : il s’agit d’un simple “questionnement dubitatif” de la version officielle.

Dans L’ivresse de la force, livre de 2008 dans lequel David Barsamian interviewe Noam Chomsky, celui-ci livre, entre autres sujets et en quelque sorte, sa position sur le 11/9. Qu’un tel auteur prenne position sur les « théories du complot », à propos des « attentats » du 11/9, on peut s’attendre, au vu du contenu de ses nombreux écrits politiques antérieurs, à ce qu’il n’endosse pas telle quelle la version officielle ou gouvernementale sur le 11/9. Pourtant, la lecture de l’extrait en question, reproduite au chapitre III ci-après et l’analyse détaillée qui en est faite au chapitre V, montre que ni la version alternative, ni le questionnement dubitatif n’ont chez lui le moindre crédit. Cela révèlera peut-être aussi, pour certains lecteurs, un visage autre que celui que ce linguiste réputé aura campé tout au long de sa vie, d’intellectuel engagé et rebelle anti-impérialiste par excellence.
 

II. L’image de Chomsky avant le 11/9

Selon le New-York Times, il est « le plus grand intellectuel vivant » („he is arguably the world greatest living intellectual”). Quant au Boston Globe, Chomsky y est considéré comme « le citoyen le plus utile d’Amérique ».

Il est vrai que ses analyses sur la géopolitique guerrière américaine et le fonctionnement de la propagande – omniprésente à travers les églises, les universités, les écoles, les médias et plus généralement sur le « système » de la société en général – ne peuvent manquer d’apparaître que comme très éclairantes intellectuellement. Chomsky a véritablement su par son travail intellectuel façonné une série d’idées, de constats et d’observations qui, une fois intégrés, peuvent utilement servir de grille de lecture pour tout citoyen souhaitant appréhender les leviers à l’œuvre dans le fonctionnement de la société actuelle. Ainsi, à titre d’exemple parfaitement illustratif de son apport intellectuel indéniable, citons La guerre comme politique étrangère des E-U, où Chomsky évoque dans le chapitre I, à partir de documents déclassifiés, le fait suivant : en 1945, le Département d’État américain considérait déjà le monde comme « leur grand domaine » ayant constaté que l’Amérique était en passe de devenir le maître du monde. Etant donné les disparités énormes de richesses entre les E-U et le reste du monde, il allait falloir un jour cesser de s’exprimer publiquement en termes de Droits de l’homme et de démocratie, pour entrer dans un rapport de force ouvert avec les populations. Ce type de “fait”, avéré dans un document officiel à travers la teneur du discours de l’un de ses membres (G. Kennan), est capital pour comprendre le monde dans lequel nous vivons. En particulier du reste, pour éclairer le 11/9, qui n’a pas de raison particulière a priori d’échapper à ce fait constitutif.

Cet exemple d’analyse typiquement chomskyenne constitue – si l’on peut se permettre ce raccourci – un excellent antidote aux fausses croyances sur toutes questions importantes de société. Se basant le plus souvent sur des faits avérés mais peu connus, des archives officielles déclassifiées très révélatrices, des raisonnements logiques contraignants intellectuellement, mais surtout sur une érudition politique hors du commun, Chomsky aboutit à une vision du fonctionnement de l’Empire exprimée dans un langage clair et dépourvu d’ambiguïté, qui permet à l’ensemble des événements de « prendre leur place naturellement » comme il le dit  lui-même, signifiant par là que, une fois un certain nombre d’éléments d’information posés clairement, tout s’éclaire et prend sens. Sa théorie sur le fonctionnement du système, globalement, est que celui-ci opère dans un rapport de force historiquement constant entre les populations et les décideurs du système, celui-ci agissant telle une “cage” dont l’emprise se resserre ou se déserre au gré des vicissitudes politiques. Il appartient aux citoyens de s’efforcer résister à l’oppression par leur engagement politique.

Cette conception antécède le 11/9 et la version qu’en donnera Chomsky par la suite. Elle appartient au XXème siècle. Passons à présent XXIème siècle.

Pour tout quiconque aura su apprécier le travail de cet intellectuel, mais qui par ailleurs n’est pas convaincu de la vérité2 de la version officielle du 11/9, la présente analyse peut s’avérer instructive tant sur l’homme qu’il est, que plus généralement, sur le rôle véritable que l’on pourra alors supputer d’intellectuels proéminents de ce type, censés combattre le système.

III. La position de Chomsky sur le 11/9

Les extraits suivants sont tirés de L’ivresse de la force, une série d’entretiens avec David Barsamian, parue chez Fayard en 2008. Par leur contenu, ils ne diffèrent aucunement d’autres sources, notamment ses interviews filmées, disponibles sur le net, où Chomsky défend les mêmes idées avec quasiment le même argumentaire3.

Voici donc, textuellement, les propos de Noam Chomsky concernant :

la persistance des théories du complot accusant l’administration Bush d’avoir participé aux attentats du 11-Septembre :

CHOMSKY (les passages qui sont soulignés et numérotés seront analysés au chapitre V du présent article)

(…) D’abord, je ne fais pas grand cas de ces théories (1), mais je suis assailli de lettres à leur sujet. Ce n’est pas seulement une énorme industrie, c’est une industrie assez fanatique. (…) C’est presque une sorte de fanatisme religieux.(2)

Il faut quand même se poser des questions (3). D’abord sur les preuves matérielles. Il y a des coïncidences inexpliquées, des témoignages personnels, etc., mais cela ne pèse pas lourd (4). On en trouve dans n’importe quel événement mondial complexe (5). Au sujet des preuves matérielles, peut-on vraiment devenir un expert très qualifié en génie civil et mécanique en passant une heure ou deux sur Internet ? (6) Si oui, il faut dissoudre les sections génie civil et mécanique du Massachusetts Institute of Technology. (…) Si vous croyez réellement à l’une ou l’autre de ces preuves, c’est simple : adressez-vous à des spécialistes capables de les évaluer. Peut-être avez-vous trouvé un physicien quelque part, mais, à ma connaissance, personne n’a voulu proposer quoi que ce soit à une revue professionnelle sérieuse (7), soumise à la discipline de l’« examen par les pairs ». Même sans aller jusque-là, on peut consulter les départements universitaires de génie civil et mécanique. Peut-être les membres du « mouvement pour la vérité sur le 11 septembre » pensent-ils qu’ils sont tous dans le coup ? Si le complot est vaste à ce point, on peut aussi bien l’oublier (8). Les adeptes du mouvement disent qu’ils ont peur. Il n’y a pas de quoi avoir peur. C’est une des positions les plus sûres pour un opposant, tous ceux qui ont un peu d’expérience en la matière vous le diront (9). En fait, les autorités se montrent assez tolérantes à cet égard.(10)

 

Ce qui nous amène à une seconde question. Pourquoi ce débat autour du 11 septembre est-il si bien toléré ? Je soupçonne le pouvoir de le voir d’un bon oeil. Il capte énormément d’énergies et les détourne des véritables crimes de l’administration, infiniment plus graves. (…) Pensons à l’invasion de l’Irak, ou au Liban. Ou à ce qu’ils font subir à la population ouvrière des Etats-Unis. (…) Ils commettent des crimes réels, qui suscitent très peu de protestations. Une des raisons – pas la seule, bien entendu –, c’est qu’on dépense énormément d’énergie militante potentielle dans ces polémiques autour du 11 septembre. Du point de vue des gouvernants, c’est excellent. On donne même à ces militants du temps d’antenne (…), on met leurs livres bien en vue dans les librairies. Très tolérant, comme réaction. (…) Ce n’est pas le genre de réaction qu’on provoque quand on touche aux sujets sensibles.

(…) Et je ne crois pas que leurs preuves soient sérieuses (12). Ni même que ceux qui les exposent soient capables de les évaluer. Ce sont des questions techniques compliquées (13). On n’a pas l’air de le comprendre, mais ce n’est pas pour rien que les scientifiques font des expériences, qu’ils ne se contentent pas de filmer ce qu’ils voient par la fenêtre (14). Car ce qu’on voit par la fenêtre est la résultante de tant de variables qu’on ne sait pas ce qu’on a dans cet imbroglio si complexe (15). On peut y trouver toutes sortes de coïncidences inexpliquées, d’apparentes violations des lois de la nature. (…) Donc, découvrir qu’il s’est passé ceci, qu’il est arrivé cela, etc., ça ne veut rien dire.

L’argument « à qui profite le 11 septembre ? » n’a guère de poids. Dans ma première interview après le 11 septembre, je crois avoir fait cette prédiction pas particulièrement brillante : tous les pouvoirs du monde allaient immédiatement exploiter l’événement à leurs propres fins (16). La Russie allait durcir ses atrocités en Tchétchénie, Israël en Cisjordanie, l’Indonésie à Aceh, et la Chine dans ses provinces occidentales. Aux Etats-Unis on s’en est servi de la façon que l’on sait, mais aussi de beaucoup d’autres, moins médiatisées.

(…) Presque tous les gouvernements ont pris des mesures pour surveiller plus étroitement leur population et ce genre de choses. L’administration Bush l’a fait aussi. Donc, « à qui profite le crime ? » n’est pas une preuve suffisante de culpabilité.(17)

L’idée même n’est pas crédible. Pour qu’il y ait une once de vérité dans les théories sur le 11 septembre, il faudrait qu’il y ait eu un énorme complot, incluant les compagnies aériennes, les médias, la préparation des faux avions. Il aurait fallu mettre au courant quantité de gens dans l’administration (18). Ils ne s’en seraient jamais tirés. Même une dictature n’aurait pas pu. C’est une opération vraiment risquée. La probabilité d’une fuite est très élevée (19) : ça se serait su tout de suite. Et la moindre fuite aurait aligné tous les dirigeants devant le peloton d’exécution, et sonné le glas du Parti républicain à jamais(20). Et pour gagner quoi ? Un prétexte pour faire ce qu’ils auraient fait de toute manière, sous un autre prétexte qu’ils auraient pu trouver (21).

(…) [Les] théories sur le 11 septembre (…) exercent le même attrait que le fondamentalisme religieux. (22) (…) Il y a des gens qui n’aiment pas ce qui se passe, qui ont vécu des moments très difficiles, n’ont confiance en personne, et qui n’ont aucun moyen de réagir. Alors ils se raccrochent à quelque chose. Et Internet a un effet pervers. Si c’est un outil merveilleusement efficace pour obtenir des informations, pour l’action politique, pour toutes sortes de choses, il a cependant un gros inconvénient : n’importe qui peut lancer une théorie (23) sur un blog ; cela n’a pratiquement aucun poids, mais ensuite cinq personnes la lisent, et très vite elle entre en croissance exponentielle, jusqu’à devenir une énorme industrie qui s’auto-alimente (24). Des industries de ce type, il y en a à foison.

(…) Je reçois une avalanche d’e-mails. Et une grande part, plusieurs par jour, envoyés par des gens honnêtes et sincères, me demandent : « Dites-moi ce que je peux faire ». Les auteurs de ces courriers appartiennent pour la plupart aux milieux aisés, privilégiés. Ils ne sont pas richissimes, mais assez aisés pour s’asseoir à une table un soir et écrire une lettre à quelqu’un. Dans les pays du tiers-monde les habitants ne vous demandent pas : « Dites-moi ce que je peux faire », ils vous disent ce qu’ils font. Mais, là où les populations sont infiniment plus libres, les gens posent toujours cette question : « Que puis-je faire ? » Et un jour ils se disent : « Ah, voilà ce que je peux faire : devenir en une heure ingénieur qualifié en génie civil et prouver que c’est Bush qui a fait sauter les tours jumelles ». (25)

Je suis sûr qu’à Washington ils applaudissent des deux mains. (26) »

Fin de citation.

IV. Questions

Voici donc les questions auxquelles le présent article entend tenter d’apporter une réponse :

  1. Quelle théorie Chomsky défend-il effectivement à propos du 11/9 ?

  1. Par quelles preuves ou arguments étaye-t-il sa perception de l’événement ?

  1. Quelles réflexions tirer de sa position à ce sujet sur sa personne ?

V. Analyse détaillée des énoncés de l’interview de N. Chomsky

Il y a ce que Chomsky répond à Barsamian et il y a ce qu’il signifie implicitement. Comme le présupposé joue un rôle bien plus capital que le discours manifeste chez Chomsky comme nous allons pourvoir l’établir dans le présent chapitre, le contenu manifeste de son discours est à interpréter à la lumière de son discours latent. Alors, que dit effectivement Chomsky, le « plus grand intellectuel vivant », à propos des « théories » de « complot » sur les « attentats » du 11/9 dans cet extrait de livre ? Il est important de souligner que les énoncés de Chomsky ne portent pas à proprement parler sur le 11/9, mais bien sur les « théories de complot » des « attentats » du 11/9, ce qui n’est pas du tout la même chose. Ces mots4 sont lourdement connotés.

Sont repris textuellement ci-après donc les énoncés – non les idées, car ce dernier mot est laudatif donc potentiellement biaisant – de N. Chomsky dans cette interview, en tant qu’ils se rapportent spécifiquement à son avis autour du 11/9, afin de les commenter un par un. Le découpage des phrases n’est pas pensé dans une vaine optique d’en décontextualiser la portée ou pour en réduire ou trahir le sens. Découpés en unités de sens significatives, ils expriment, ainsi isolés, des jugements de fait ou de valeurs ayant la forme caractéristique de tout jugement au sens logique5.

Ainsi, par exemple, lorsqu’il dit, dans le premier énoncé sélectionné ci-après, « ce sont des théories » (contenu manifeste), ce qu’il veut vraiment dire, une fois traduite la signification, peut-être interpréter comme ceci : « ceux qui sont contre la version officielle n’ont que des théories à énoncer, des théories au sens négatif, d’hypothèses très douteuses » (contenu latent). Certes, il ne prend garde de l’écrire ainsi, il le suggère implicitement. Quand les formulations sont ambiguës, voire imprécises et généralisantes, il faut bien recourir à une herméneutique ad hoc pour dégager le vrai sens du propos de N. Chomsky autour du 11/9, comme cela va pouvoir être à présent démontré.

  1. “je ne fais pas grand cas de ces théories” : le mot “théorie” peut signifier tout aussi bien l’idée relativement positive et neutre de vision scientifique à propos d’un objet de recherche déterminé – par exemple, la théorie de l’évolution, du Big Bang ou du réchauffement climatique – ou tout son contraire – ainsi, une vue de l’esprit, un pur fruit de l’imagination, sans aucun fondement ou aucune correspondance avec le réel. Ce type de mot, utilisable comme moyen d’expression relativement anodin, peut donc aussi, avec la compétence d’un linguiste, véhiculer discrètement des présupposés qui vont orienter le “débat” et opérer comme une “arme de dissuasion permissive”. Ce que veut vraiment signifier Chomsky, c’est que ceux du camp opposé à la “version officielle” ne sont pas réalistes, parce qu’ils n’ont que des théories à proposer (au sens péjoratif), sous-entendant sans le dire explicitement qu’ipso facto, ceux de l’autre camp savent de quoi ils parlent. Remarquons en passant l’usage du pronom “ces” qui met implicitement avec l’aide des trois lettres de ce mot, dans un même sac, indistinctement, tous les discours alternatifs, y compris ceux qui ne proposent aucune théorie en se contentant de démontrer la vacuité rationnelle et factuelle du discours officiel. Il s’agit donc d’une généralisation abusive pour tout lecteur attentif aux différences de niveau intellectuel et de recherche entre auteurs de documents sur la question. D’autre part, si l’on part du principe que la version alternative est basée sur une série de faits avérés qui invalident nécessairement la version officielle, le qualificatif de “théorie” ne donne pas ou plus à s’appliquer ici, point n’est besoin d’un cadre théorique développé6. Ce premier jugement implicite de Chomsky à propos du mouvement alternatif (et dubitatif) est à la fois imprécis, généralisateur, et inexact pour ce qui a trait aux plus éminents travaux issus de ce mouvement. De surcroît, on peut se demander qui n’a pas de théorie sur le 11/9 ? A moins de l’avoir soi-même organisé, au plus haut niveau, et de pouvoir en parler en totale connaissance de cause, par expérience personnelle et non par hypothèse, tout le monde, Chomsky compris, en est réduit à devoir élaborer une théorie à ce sujet. A la fois relativement ponctuel mais vaste dans ses causes, son déroulement précis et ses conséquences ou sa fonction dans la stratégie américaine, cet événement est en réalité un enchevêtrement d’une série d’éléments et de paramètres qui ne peuvent, par essence, que faire l’objet de théories. On voit mal les véritables commanditaires sortir du bois pour annoncer publiquement leur crime et en expliquer les préparatifs. Donc, user du mot “théories”, qui plus est dans son sens négatif, à propos des tenants de la version alternative ou du questionnement dubitatif est au mieux inapproprié, au pire déplacé. Si Chomsky n’a pas, lui, de théorie, c’est qu’il sait : et cela est éminemment douteux.

  1. “c’est une industrie assez fanatique” : ici, les mots “industrie” et “fanatique” méritent assurément un commentaire. Le premier de ces mots connote l’idée de mécanisme automatisé d’une certaine ampleur, le second renvoie le plus souvent au phénomène religieux quand il verse dans l’intégrisme aveugle et passionnel. Comme les deux mots ont été manifestement utilisés pour discréditer le mouvement pour la vérité sur le 11/9, leur accolement inédit constitue un bel effet poétique de dénigrement, le tout, à l’instar du premier énoncé, pour laisser encore sous-entendre que l’autre camp, a contrario, n’est ni fanatique, ni industriel. Ce dont d’aucun pourrait vouloir éventuellement douter. La répétition ou redondance est un élément central de toute communication (y compris au sens presque désuet de “propagande”). L’ensemble “industrie fanatique” signifie donc implicitement qu’il s’agit d’un processus doublement contraire à la pensée, dans la forme (mécanique) et le fond (religieux extrême). Le qualificatif “énorme” étant censé ajouter une couche de sédimentation sémiotique destinée à en accentuer l’effet diffamatoire.

  1. “il faut quand même se poser des questions” : le mouvement pour le 11/9 ne se poserait pas de question ! Outre les deux livres cités de Robert Griffin et d’Eric Laurent, qui constituent tous deux des comptes-rendus d’enquêtes minutieuses, basées exclusivement sur un enchaînement cohérent de diverses questions, le mouvement pour la vérité sur le 11/9 n’est, d’après les divers sites anglais ou francophones sur le sujet pas en reste. Ainsi, par exemple, l’excellente vidéo de Massimo Mazzucco, “12 questions aux défenseurs du récit officiel sur le 11 septembre” ou, mieux peut-être, les excellents films sur la question7. Mais, le Mouvement pour la vérité sur le 11/9, ce sont au minimum des centaines de questions. A moins que Noam Chomsky pense sérieusement qu’ils ont enquêté pendant ces dernières années depuis 2001 ou plus tard pour d’autres, sans se poser de questions. Mais alors, comment et pourquoi ? Comment présenter une enquête sans questions ? Veut-il signifier réellement que le mouvement pour la vérité, ce ne serait qu’une longue suite d’assertions sans la moindre question ? Mais quel aurait été l’intérêt de tous ces gens (plus de mille experts, architectes, ingénieurs, pilotes, etc.) s’il n’y avait eu aucune question au départ et par la suite ? Cette affirmation de Chomsky laisse pantois.Mais elle est, quoique utile peut-être à son propos et son intention sous-jacente présumable, factuellement fausse.

  1. “Il y a des coïncidences inexpliquées, des témoignages personnels, etc. mais cela ne pèse pas lourd” : là encore, associer des “coïncidences inexpliquées” avec des “témoignages personnels” dans une même phrase pour faciliter le discrédit des nombreux témoignages bien réels et très nombreux qui existent dans des livres et des vidéos de tous poils, relève d’un même tour de passe-passe. Outre que la première expression soit autrement plus floue que la seconde, parfaitement claire, quant à son extension (son référent), l’amalgame de deux niveaux de réalité dans une même phrase permet au sens de prendre congé – un peu comme certaines lois de la physique le 11 septembre 2001 – pour laisser luire la seule autorité de l’auteur qui doit davantage gager sur sa réputation pour apparaître crédible, que sur le contenu de sa phrase. Un terme au référent flou (à quoi se réfère-t-il quand il parle de “coïncidences inexpliquées ? la chute de la tour n° 7 le jour du 11/9 ? les retraits massifs et inhabituel d’action des compagnies d’avion la veille du 11/9 ?) et un élément essentiel de toute procédure judiciaire dûment conduite : le témoignage de personnes ayant assisté aux événements permettant de comprendre ce qui fait l’objet d’un procès. On ne compte plus les témoignages des pompiers, architectes, ingénieurs, familles de victimes, professionnels de l’aviation, politiques, etc. qui invalident toutes la version officielle. On comprend qu’il peut être utile, si l’on entend défendre le point de vue officiel, de bémoliser les témoignages en général. Il n’est pas sûr que cela soit à mettre au crédit de la probité intellectuelle et morale de l’auteur de ces lignes.

  1. “On en trouve dans n’importe quel événement mondial complexe” : ce raisonnement ressemble à un syllogisme incomplet, dont il faut rétablir la part d’implicite habilement sous-entendue pour le rendre complet, plus intelligible, et en dénoncer la logique sophistique :

prémisse A : tout événement mondial est complexe ;

prémisse A’, non-dite : le 11/9 est un événement mondial complexe ;

prémisse B : or, cette complexité rend les témoignages personnels et les coïncidences inexpliquées insignifiants,

conclusion C : donc, les témoignages personnels et les coïncidences inexpliquées (du 11/9) sont insignifiants.

Commentaires : du point de vue du contenu, ce syllogisme recèle au moins deux, sinon trois prémisses discutables, sinon carrément fausses. La prémisse A ne mange pas de pain, mais elle est somme toute contestable, car le concept “événement mondial” est flou. Un événement mondial est, on peut le supposer, un fait qui a des répercussions mondiales : quand n’est-ce pas le cas dans un monde globalisé pour tout événement d’une certaine ampleur ? Et qu’entendre par l’affirmation que “c’est complexe” ? Qu’on ne peut donc le comprendre ? Si je tiens le même raisonnement à propos de l’attaque de Pearl Harbour, je puis arriver à la conclusion que les témoignages autour de ces faits historiques sont insignifiants, mais alors, comment pourrait-on jamais en parler ?Si j’opère semblablement avec l’assassinat de J.F.K., – cet événement était local en un sens, tout autant que Pearl Harbour et le 11/9, mais de portée mondiale – on ne voit plus très bien comment on pourrait dès lors dire quoi que ce soit à propos de quelque sujet que ce soit, même circonscrit. Pourrait-on raisonner de même à propos de la Shoah ? Par un raisonnement par l’absurde donc, on peut démontrer que ce raisonnement de Chomsky contient sa propre négation, puisqu’il écarte principiellement tous témoignages. Raisonnement par l’absurde pour démontrer un raisonnement absurde en effet. La prémisse A’ est évidemment fausse en un sens à tout le moins. Si le 11/9 est, pris globalement, nécessairement d’une extrême complexité, comprendre certains aspects essentiels est du ressort de l’intelligence de toute personne douée d’un minimum de logique et de sens commun. Ainsi, qu’il n’est physiquement pas concevable que deux avions fassent tomber trois tours ou qu’une tour en acier tombe d’elle-même sans résistance à la vitesse de la chute libre (cf. Tours jumelles et la tour n° 7 du WTC) ; que le meurtre de près de 3000 personnes ne fasse pas l’objet d’une enquête judiciaire ; que les lois de la physique ne s’appliquerait pas le 11/9 uniquement, …etc., mais surtout, ces éléments ensembles! La prémisse B est une pétition de principe qui repose sur un amalgame entre deux entités hétérogènes (théorie et témoignage) savamment associées pour être discréditées dans une même volée, selon le même procédé qu’au point précédent. Mais affirmer que les témoignages sont insignifiants de manière aussi générale est insensé. Encore une fois, un raisonnement par l’absurde peut aisément venir à bout de cette nouvelle logique chomskyenne. Du point de vue de la logique traditionnelle, héritée d’Aristote, lorsque le contenu de jugements composant un raisonnement est faux, ne fût-ce qu’une des prémisses, le raisonnement devient ipso facto invalide. Mais ce qui est intéressant ici, c’est le procédé formel suivi par le linguiste qui consiste à éviter d’exprimer une part essentielle de son raisonnement, pour permettre au sophisme de fonctionner. En évitant de signaler clairement qu’il trouve que le 11/9 est un “événement mondial complexe”, et d’expliciter clairement ce qu’il sous-entend derrière cette idée implicite, savoir que comme c’est complexe c’est inintelligible, il pense pouvoir éviter la critique suivante : si la complexité des faits qui se sont produits ne pourraient être adéquatement expliqués que par ceux qui ont provoqué l’attaque, il n’en demeure pas moins qu’une série d’éléments avérés (par la presse, par des témoignages, des preuves matérielles et même par les discours officiels) sur les divers faits marquants de cette journée peuvent être mis en relation et confrontés à la version officielle et déjoués.

  1. “peut-on vraiment devenir un expert très qualifié en génie civil et mécanique en passant une ou deux heures sur Internet ?” : s’il existe des millions d’internautes qui prétendent en savoir plus qu’ils ne savent, cela est vrai de nombres d’experts également, sinon plus. Quiconque ayant littéralement cette prétention ne peut être qu’un demeuré. Chomsky serait incapable de nous en fournir un seul exemple réel. Aussi, ceux qui ont des prétentions en matière de génie civil, en particulier sur les sites qui visent le rétablissement de la vérité sur cet événement majeur, ne sont que des ingénieurs civils ou des experts à des titres divers. Qu’il y ait éventuellement des internautes un peu rapides à conclure leur vision des choses, là où la prudence et l’expertise seraient de mise, c’est certain. Mais cela ne permet pas d’écarter les conclusions des ingénieurs de formation et autres architectes chevronnés qui constituent le gros des rangs du Mouvement. Accessoirement, ceux que cet événement fascine, ont bien souvent dû passer des centaines d’heures sur ces questions et se sont alimentés à diverses sources faisant ou non autorité, et se sont formés un jugement en fonction de leur degré de culture générale, matinée peu ou prou d’esprit critique et scientifique, ou de simple bon sens et de désir de vérité ; ces remarques concernent probablement beaucoup de monde. Discréditer l’opinion publique sous prétexte que les gens ne sont pas des experts dans ce domaine pourrait aussi bien faire l’objet d’un nouveau raisonnement par l’absurde pour en démonter l’ineptie : selon Chomsky, implicitement, il faudrait alors être un génie en géostratégie pour savoir si un pays a été envahi par une armée ! Un “allié” reconnaissant des soldats allemands en 1914 en train d’envahir son pays à leur seul casque à pointe avait-il tort de présumer de sa perception et de son intelligence ?

  1. “à ma connaissance, personne n’a voulu proposer quoi que ce soit à une revue professionnelle sérieuse” : c’est inexact. N. Chomsky ignore une nouvelle connue par la plupart des amateurs et experts du mouvement pour la vérité. On la doit au chimiste danois Niels Harrit, qui a co-écrit un article avec huit scientifiques concernant la présence de nanothermite dans la poussière du W.T.C., pour aboutir à cette conclusion simple : la présence de cette substance de haute technologie militaire sur le site ne cadre pas avec le discours de la version officielle. Le fait est “problématique” s’il en est, et nécessiterait une explication de la part des autorités qu’elles se gardent bien de donner, puisqu’elles seraient contraintes de donner des explications sinon impossibles, à tout le moins difficiles à exprimer rationnellement. N. Harrit a collaboré avec des scientifiques et son travail est de facture proprement scientifique au sens où il a suivi les méthodes et procédures généralement utilisées par les scientifiques actuels. Que Chomsky ignore cette information montre, conformément à ce qu’il reconnaît lui-même ailleurs, qu’il n’effectue pas personnellement des recherches sur Internet, ayant été formé et ayant travaillé trop longtemps dans un monde intellectuel où l’unique support fut toujours le papier.

  1. “Peut-être les membres du « mouvement pour la vérité sur le 11 septembre » pensent-ils qu’ils sont tous dans le coup ? Si le complot est vaste à ce point, on peut aussi bien l’oublier”: déjà faut-il noter le caractère abusif et orienté du terme “complot” dans cette phrase, qui laisser planer comme un parfum de secret conspirationniste. Rien n’indique qu’il s’agisse nécessairement d’un complot, aucune enquête n’ayant eu lieu officiellement8, à tout le moins, d’après les procédures de la justice américaine en cas de meurtre, a fortiori en cas de meurtre de masse. Si par contre, il s’agit d’une opération “False Flag“, alors nous avons affaire à une action militaire menée à des fins stratégiques, secrète nécessairement, mais ne relevant pas d’un complot, sauf par abus de langage. Cet événement relèverait alors d’une organisation géostratégique censée rester absolument étrangère aux “nouvelles” du monde médiatique, un secret-défense en quelque sorte, un morceau de Realpolitik dont il faut éviter l’ébruitement dans la presse. L’idée sous-jacente à l’usage du concept de “complot” dans ce contexte est qu’il concerne des individus par définition externes au centre du pouvoir établi, agissant ensemble contre ce pouvoir, légitime ou non, mais bien en place, pour le détrôner ou le faire vaciller. Alors qu’ici, selon l’hypothèse d’une organisation militaire interne, c’est le gouvernement américain qui a selon toutes vraisemblances commandité ce meurtre de masse : ce ne peut donc pas, à proprement parler, être un complot. Et rien, théoriquement, n’exclut une planification impliquant tous les niveaux de pouvoir, au moins ceux-là qu’il a paru nécessaire d’impliquer, chacun dans la mesure et de la manière nécessaire, ni plus ni moins. Dire que tous les niveaux peuvent être en théorie impliqués ne signifie aucunement que tous les membres du personnel de toutes les administrations soient ou devraient l’être. Ainsi, le responsable du N.I.S.T.9 sait sûrement des choses que le commun des scientifiques de son administration ne sait pas. Il suffit amplement de mettre ce seul responsable au courant, jusqu’à un certain point déterminé stratégiquement. Et rien ne dit que parce qu’il saurait certaines choses, qu’il aurait une vision globale de la stratégie planifiée. Il peut donc être efficacement impliqué, au sens de manipulé ou mis partiellement au parfum, sans être “impliqué” au sens de partie prenante et intéressée, consciente de tous les enjeux, et en toute connaissance de cause. En réalité, si on ne sait ce qu’il s’est réellement passé, on peut raisonnablement envisager que des personnes-clés, à différents niveaux, ont été amené à comprendre quelles devenaient les contraintes discursives, les tabous qui délimitent politiquement le cadre de leur fonction. Certes, il aura fallu compromettre aussi des seconds couteaux : et tout fonctionnaire ou employé n’est pas nécessairement facile à persuader de se compromettre. Cependant, face à la réalité de l’emploi, des relations hiérarchiques en milieu professionnel, de l’idéologie “libérale” américaine et surtout, des implications d’un éventuel refus d’obéissance pour tout particulier au sein du système, la plupart de ceux qui auraient été en désaccord avec la légitimité des ordres n’auront eu d’autre choix que de se soumettre pour éviter d’être démis, plus ou moins brutalement. Lorsque tel élément du système se permet de divulguer ce qu’il sait, bref de briser l’omerta qui pèse lourdement sur les esprits impliqués, les conséquences peuvent alors être dramatiques. Ainsi, par exemple, l’étrange décès du Docteur David Kelly, “suicidé” dans des circonstances troublantes et dont le rapport d’autopsie est actuellement interdit d’accès public pour 70 ans. Ce cas d’un meurtre lié au 11/9 et à d’éventuelles fuites potentiellement dangereuses pour des gouvernements impliqués (anglais, pakistanais, israélien et américain) par des “insiders” n’est évidemment pas isolé.

  1. “tous ceux qui ont un peu d’expérience en matière d’opposition savent qu’il ne faut pas avoir peur” : le nombre de personnalités et d’inconnus ayant eu à subir les affres de la torture voire la mort du fait de leur opposition au régime en place est tellement longue, qu’il n’est guère nécessaire de seulement tenter de la produire ici. Aux seuls Etats-Unis, le nombre de personnes ayant fais les frais d’exactions policières, de tentatives d’assassinats ou d’assassinats en raison de leur appartenance à des groupes, partis ou collectivités entrant en conflit avec le système capitaliste américain ou une faction de celui-ci, est indénombrable. Que l’on songe aux exécutions commanditées par les présidents américains de leaders syndicaux dans les années trente, (cf. Programme CoIntelPro, cité par Chomsky lui-même ailleurs10), de l’élimination d’opposants noirs dont Martin Luther King, d’élimination, d’écartement ou de tentative d’assassinat de présidents dérangeants (Kennedy, Nixon, Reagan), et bien sûr, le travail considérable de la C.I.A., les opérations paramilitaires, les renversements de régime à travers le monde, les prisons secrètes, …etc. On se demande si cette phrase ne concerne finalement que l’auteur lui-même et tous ceux dont la vie intellectuelle reste bornée aux limites permises par le régime. Et cela pose question sur son éventuelle légitimité comme intellectuel et son intégrité comme opposant. A cet égard, le présent énoncé est lourd de signification implicite que l’on peut traduire de la façon suivante : Noam Chomsky se présente lui-même comme un opposant expérimenté au système. Nous verrons plus loin ce qu’il convient d’en penser au moment de conclure la présente analyse. En tout cas, ceux qui n’ont pas survécu pour témoigner de la dureté du régime américain comme de tout autre régime fascisant, ne sont plus là pour le contredire, et ceux qui ne sont pas encore éliminés, trop occupés à lutter pour survivre.

  1. “les autorités se montrent assez tolérantes à cet égard”: les autorités11 sont capables si nécessaire, et froidement, d’éliminer tous ceux qui se trouvent sur leur chemin, nous venons de l’écrire. Certes, celles-ci ne tuent pas aussi promptement que dans les pays ouvertement totalitaires, pour l’instant. Elles préfèrent user d’autres stratagèmes, dont voici quatre exemples illustratifs : soit en ignorant l’adversaire, soit en inventant des discours contradictoires mais sans fondements, que la puissance de leur potentiel communicationnel va rendre de facto prédominants, soit en modifiant l’arsenal législatif pour contrecarrer toute velléité de résistance à leurs plans, soit en éliminant directement l’individu récalcitrant. Qu’il s’agisse (a) de faits, (b) d’événements, (c) d’informations ou (d) de personnes, ce travail de négation peut, si nécessaire, évoluer d’une négation passive à une éradication active si besoin est. Exemples :

    1. pour le fait de la présence de nanothermite : le silence radio de l’administration est de mise.

    2. pour l’événement que constitue l’article de N. Harrit : on a eu droit à un contre-article émanant du N.I.S.T. visant, avec force détails, d’en nier la validité, en usant d’un discours formellement scientifique, qui a l’analyse de scientifiques non-alignés, s’avère fumeux; mais aussi, à une absence de réponse officielle de type gouvernemental.

    3. pour les informations dérangeantes du Mouvement pour la vérité sur le 11/9, et les trop nombreux constestataires prévisibles à venir : des lois liberticides ont été concoctées – ces dispositions législatives nouvelles de Patriot Act I et II, qui permettent notamment de considérer toutes personnes s’opposant au régime américain, comme un “terroriste”, avec toutes les conséquences de déchéance des droits qui en découlent (dont l’Habeas Corpus) – ainsi que des dénégations à travers de multiples articles de collaborateurs payés par le gouvernement, et très probablement, et le fichage de tous les opposants au régime policier et tentaculaire qui se met progressivement en place.

    4. pour la personne du Docteur Kelly : élimination physique de l’importun, probablement par ordre de T. Blair sur conseil des services de renseignement anglais.

Cette “tolérance” qu’allègue Chomsky n’existe pas, sauf dans l’exacte mesure où ceux qui en font l’objet ont paru ne pas présenter de “menace immédiate pour les intérêts américains”, pour paraphraser le jargon diplomatico-terroriste récurrent des gouvernements américains successifs depuis des lustres. Le jour, qui n’est peut-être plus bien loin, où le seuil de tolérance sera baissé pour des raisons stratégiques, l’informatique aidant le régime comme ce fut déjà le cas dès l’entre-deux guerre avec I.B.M. et les nazis, cette tolérance pourrait bien apparaître après coup comme une ruse de l’élite et non comme la disposition morale d’un pouvoir légitime ou d’un Etat digne de ce nom. Chomsky voudrait-il faire passer un calcul statistique, une évaluation militaire du risque, pour de la magnanimité ?

  1. “le pouvoir voit le mouvement pour la vérité sur le 11/9 d’un bon œil” : tout d’abord tant Bush hier qu’Obama aujourd’hui – même train, autres conducteurs – ont clairement et ouvertement menacé dans leurs discours les tenants de thèses contraires à la version officielle12. Cela est plutôt prudent pour l’élite qu’ils représentent, compte tenu des enjeux politiques et des risques pour la classe dominante. Officiellement donc, les discours présidentiels, disponibles sur You Tube à tout internaute, contredisent le propos de Chomsky sur ce point également. Ces discours favorisent assurément la paix civile intérieure aux Etats-Unis en permettant d’éviter la mise en cause de la responsabilité du premier de ces “présidents”, avérée à travers ses propres contradictions et aveux involontaires13. Ensuite, comme le 11/9 est et un passage obligé et le point d’ancrage pour les guerres préméditées aux Moyen-Orient, croire un instant que le pouvoir verrait d’un bon œil ce mouvement dénonciateur, relève soit de la mystification soit – ce qui paraît difficile à croire – d’une naïveté née de la position confortable d’intellectuel rémunéré, toléré voire favorisé par le système qu’est Chomsky. Si tel devait être le cas, alors il faut adopter le point de vue des autorités : cet intellectuel se serait alors vu attribuer à son insu la fonction de soupape de sécurité académique pour un public minoritaire mais parfois dérangeant d’intellectuels en mal de vérités tolérables sur le système.

  1. “je ne crois pas que leurs preuves soient sérieuses” : on n’attend pas tant d’un intellectuel qu’il nous dise ce qu’il croit, en tout cas pas lorsqu’il s’agit d’évoquer le registre des preuves. Chomsky lui-même, quand il s’exprime devant une caméra14 ou en traitant par écrit sérieusement d’un sujet, insiste sur l’importance de commencer par établir les faits15. La probité intellectuelle commanderait d’écrire plutôt : “telle preuve, avancée par le mouvement sur le 11/9, concernant tel aspect du 11/9 est contredite par tel élément, tel fait, telle raison ou telle information”. Mais ce n’est du tout ainsi qu’il procède dans l’Ivresse de la force. En termes de “jeu de langage”, pour reprendre une expression utile du philosophe Wittgenstein, N. Chomsky confond trois registres : celui de l’opinion (cf. “l’expression “je crois”), de la preuve (censément objet de son discours) et du dénigrement (le camp adverse est réputé implicitement ne pas être sérieux), qui n’ont rien à faire les uns avec les autres, en particulier dans le contexte supposé d’un jeu de langage où la règle principale serait de trouver le vrai sur ce sujet. Evidemment, on peut inventer un autre jeu de langage, où la règle principale serait de noyer le poisson.

  1. “ce sont des questions techniques compliquées” : ce qu’il sous-entend en fait par cet énoncé, c’est que le 11/9 est incompréhensible, parce qu’il soulève des questions techniques importantes. Il se garde de le présenter aussi ouvertement, car cela pourrait lui attirer de trop faciles critiques, si ce n’est la colère légitime des familles endeuillées ou de citoyens jaloux de l’Etat de droit. Il est préférable d’avancer masqué pour que les demis-vérités puissent occulter les demi-mensonges. Dire que Chomsky privilégie l’expression indirecte serait un euphémisme, ce nouvel “argument” est une fois encore bien spécieux. Certes, pour une part, il y a des aspects factuels qui nécessitent, pour être compris, des connaissances technoscientifiques plus ou moins approfondies. Face à une question technique ou scientifique précise – par exemple, “la chute des tours du W.T.C. à la vitesse de la chute libre est-elle physiquement possible en dehors de l’hypothèse d’une démolition contrôlée ?” ou , “Y a-t-il eu des résidus de nanothermite dans la poussière extraite du site du W.T.C.?” – , il paraît convenable et nécessaire pour tout un chacun de s’en remettre aux experts. Sur ce point, il faut d’abord faire une remarque sur le concept de “science”. Constatons que la science dont peuvent se réclamer les uns et les autres, contrairement au préjugé, n’existe manifestement pas comme un bloc déterminé de connaissances faisant l’objet d’un parfait consensus entre scientifiques. Surtout, lorsqu’il s’agit de trancher un sujet pratique et complexe déterminé comme le 11/9. Ce sujet implique en effet énormément de paramètres, qui nécessitent autant de connaissances théoriques et pratiques, relevant de différentes disciplines scientifiques ou domaines de connaissances ainsi qu’une juste perception de l’enjeu politique et civique que leur compréhension soulèvent. Au contraire, et ce point est très intéressant à mettre en lumière ici, bien que ce ne soit pas nouveau, la science est une auberge espagnole depuis que la fraude rémunérée constitue un élément essentiel de sa pratique, soit pour plus d’un siècle au moins, sinon depuis le jour où des esprits mercantiles auront perçu l’avantage financier qu’ils en pouvaient tirer. Ainsi, selon que vous serez payé par le gouvernement ou motivé par la recherche du vrai, la science dira pile ou face avec le même aplomb et le même semblant d’objectivité. En effet, les discours “scientifiques” sur la chute des tours selon la version officielle sont diamétralement opposés à ceux de la version alternative : ainsi, par exemple, théorie de “l’encrêpement” pour les uns (Pancake theory du discours officiel), fait de la présence avérée du nanothermite pour les autres (le Mouvement pour la vérité). La question finalement revient à ceci : comment départager les deux discours ou qui a raison ? S’il faut s’en remettre aux experts en première analyse, il faut pouvoir les choisir avec circonspection en dernière analyse, en se montrant très prudent quant à la science “officielle” financée par les gouvernements. In fine, tout citoyen suffisamment informé aura intérêt à juger à charge et à décharge, en évitant le réflexe du préjugement (en s’étant dépouillé du matraquage communicationnel gouvernemental) sur tout événement de ce type, particulièrement le 11/9.

  1. On n’a pas l’air de le comprendre, mais ce n’est pas pour rien que les scientifiques font des expériences, qu’ils ne se contentent pas de filmer ce qu’ils voient par la fenêtre ” : encore un argument spécieux usant subrepticement de messages implicites à décoder : ce qu’il signifie ici, c’est que les films ne prouvent rien et que seule la science est probante. Outre la remarque ci-dessus sur la duplicité inhérente à la pratique scientifique du monde réel, judiciairement sans doute, en raison des contrefaçons techniques possibles, on pourrait accorder à cette phrase un semblant d’exactitude. Mais de là à discréditer absolument toute source de preuve non scientifiquement prouvée est outrancier comme déjà évoqué précédemment. Outre que tout dépend de quelle preuve on parle, dans quel contexte, il n’est point besoin d’expérience scientifique pour prouver tout ce qui doit ou peut l’être. Ainsi, par exemple, pour prouver une simple proposition arithmétique, il n’est point besoin de réaliser la moindre expérience puisqu’il s’agit d’une vérité mathématique qui ne peut qu’être démontrée a priori. Il faut, d’autre part, bien reconnaître l’ambiguïté potentiellement terrifiante de la science qui n’est, en elle-même, d’aucun secours en l’espèce, si préalablement à toute interrogation de la science, on ne s’interroge sur le scientifique qui prétendrait l’incarner du simple fait d’en avoir les marques extérieures ou la légitimité académique. Enfin, n’est-ce pas un non-sens que de discréditer de façon absolue le témoignage des sens, fût-il enregistré sur un support vidéo ? Wittgenstein16 ici encore peut nous être utile. Réfléchissant au sujet de la certitude en général, il montre que le doute hyperbolique n’a pas de sens, n’en déplaise à Descartes ; que le jeu de langage de la preuve ne peut pas s’exercer à propos de tout, en particulier, ce qu’il appelle les propositions logiques, celles qui sont au fondement de notre vision du monde. Or Chomsky prétend ici, par cet habile sophisme, empêcher le commun des mortels de voir ce qu’il voit comme il le voit pour réserver aux seuls scientifiques le droit d’accréditer ce qui serait effectivement visible. Il y a là une erreur grammaticale sur l’usage du mot “preuve”. En effet, le langage courant n’est guère aussi injustement tatillon ou intéressé, et maintient un accès public au mot “preuve”, qu’il n’entend pas voir privatiser aussi crûment. Va-t-on devoir reconstruire le W.T.C. à l’identique, le faire percuter par des avions de ligne saturés de kérosène pour prouver que le gouvernement nous ment ? Et que dire des enregistrements vidéos utilisés par le gouvernement anglais par exemple, pour “prouver” que les attentats de Londres étaient bien le fait de musulmans ? Deux poids, deux mesures ?

  1. “ce qu’on voit par la fenêtre est la résultante de tant de variables qu’on ne sait pas ce qu’on a dans cet imbroglio si complexe” : cette disqualification générale et absolue de toute perception revient à nier le sens commun, ce qui n’a guère de sens. Sans doute faut-il bien, la version officielle étant en difficulté de justification, recourir à un deus ex machina pour justifier la position indéfendable philosophiquement d’un scepticisme hyperbolique. Le réel qui paraît face à nous est certes la résultante d’énormément de variables, notamment physiques et physiologiques. Ainsi, épistémologiquement, il est vrai que le monde “extérieur” est loin d’être un donné simple en réalité. Mais, si l’on considère un paramètre isolément, relativement simple, par exemple, déterminer la vitesse de la chute des tours ou la présence ou non de particules de nanothermite dans la poussière du W.T.C., il n’y a, face à ces questions, pas lieu d’envisager de problèmes épistémologiquement complexes. Ces paramètres sont isolables tant mathématiquement que pour le sens commun. Et les yeux, les microscopes ou les films pour en capter l’image constitueront la voie royale pour y répondre, tant scientifiquement que pour le robuste bon sens. Rien de sorcier à cela. Certes, si pouvoir calculer la vitesse de la chute d’une tour est plus simple que de reconnaître la présence de nanoparticules de haute technologie dans un tas de poussières, tout expert correctement formé et probe à la fois, pourra nous renseigner utilement. Donc, la question que pose cette assertion de Chomsky, évolue une nouvelle fois vers celle de savoir à qui et à quelle autorité scientifique faire confiance. Il n’est à cet égard pas difficile de comprendre qu’un scientifique acheté est plutôt un homme simplement corrompu qu’un simple homme de science ; biaisé, son discours devient ipso facto non-scientifique, donc faux17. La conséquence logique de l’agument n° 15 dont question ici est que ce qu’on perçoit ne veut rien dire. Outre le caractère une nouvelle fois auto-contradictoire d’un tel énoncé (même un discours scientifique est constitué d’énormément de variables, donc selon cette logique, il faudrait des scientifiques pour les décoder, et ainsi ad infinitum, de sorte que même les scientifiques n’aurait jamais accès à une perception objective de quoique ce soit!). Le prestige moral d’un Chomsky et le capital de reconnaissance international qui l’accompagne, doivent peser ici de tout leur poids, pour qu’une telle “idée” puisse passer la rampe.

  1. “l’argument “à qui profite le 11 septembre ? ” n’a guère de poids (car) tous les pouvoirs du monde allaient immédiatement exploiter l’événement à leurs propres fins” : écarter d’un revers de la main la question par excellence de toute investigation de la police judiciaire – c’est-à-dire, “à qui profite le crime?” – sous le prétexte de sa récupération, même systématique, par des pouvoirs pragmatiques, est également dépourvu de sens. A confondre ainsi un principe d’investigation universel, incontournable et de bon sens avec l’usage qui peut par ailleurs en être fait, c’est jouer une fois de plus sur un effet d’amalgame, pour discréditer un élément fort par un élément faible, en les composant dans un effort de brouillage rhétorique. Afin aussi d’éviter la question qui permettrait de confondre les commanditaires, ou du moins, à tourner le projecteur médiatique dans une direction autre que celle, fort éloignée, des montagnes de Bora-bora, où on ne sache pas que le 11/9 y soit perçu comme un moment fort de la lutte contre les Infidèles. A ce petit jeu sur le langage, on peut aisément prouver, par l’absurde de nouveau, que ce “raisonnement” ne tient pas. Si on applique, à titre d’exemple, au langage un même raisonnement, il est clair qu’on ne pourra inférer de ce que les insultes, le mensonge et la propagande existent, que le langage n’a pas de poids. Tout au contraire, la vérité18 n’en ayant que d’autant plus.

  1. “l’argument “A qui profite le crime?” n’est pas une preuve suffisante de culpabilité”: en théorie, une preuve peut-elle être insuffisante ? Il s’agit ici de distinguer une preuve d’un indice. Soit il s’agit d’une preuve qui ne peut être réfutée par des arguments rationnels issus de gens de bonne foi, et alors, celle-ci suffit à elle seule à remettre en question la théorie officielle dans l’état. Soit ce n’est pas une preuve, mais un indice, un élément à peine signifiant, sans plus, et il convient de rapporter cet élément à un ensemble d’éléments qui, pris ensemble, pourrait ressortir du genre de la preuve ou non. Certes, entre une “preuve” et un “indice” existe une différence de degré dans la certitude. Et sans doute Chomsky veut-il suggérer qu’il s’agit en l’espèce d’un indice sans grande valeur et non d’une preuve. Mais, soulignons-le, il utilise le mot “preuve”. Or, qu’est-ce qu’une “preuve” ? En faisant l’amalgame de deux concepts fondamentalement hétérogènes dans l’idiome “preuve suffisante”, il crée subrepticement un sophisme. Pour un locuteur occidental, en effet, une preuve (Germ.: Probe; Angl. : proof) est un élément probant qui permet de confirmer ou invalider un fait, une théorie ou un raisonnement: comment dès lors pourrait-ce être “insuffisant”? C’est que la preuve ressortit du genre exclusif : elle n’admet pour ainsi dire pas de degré. On ne mélange pas, sans crier gare, deux niveaux de langage, celui de la science (preuve) et celui du jugement de valeur (suffisant). Cependant, un linguiste en manque d’éléments probants précisément, aura beau jeu d’inventer des expressions douées de la capacité à brouiller les pistes. C.Q.F.D.

  1. “il faudrait qu’il y ait eu un énorme complot incluant des compagnies aériennes, les médias, de faux avions (…et) quantité de gens de l’administration “: pour le mot “complot”, même remarque que ci-dessus. Préférons-lui le mot plus neutre d’organisation. Que le 11/9 ait été le fruit éventuellement d’une “énorme” organisation, militaire – et non “terroriste”, à moins qu’on ne vise le “terrorisme d’Etat” (expression utile, de Chomsky notamment, dans un livre antécédent le 11/9) – impliquant des experts de tous poils (politiques, avocats, ploutocrates, financiers, assureurs, militaires, propagandistes, psychologues sociaux, scientifiques, experts en démolition contrôlée, artificiers, pompiers, policiers, cybernéticiens, informaticiens, stratèges, juristes, experts en relations internationales, commissaires de police, …etc.), cela fait peu de doute, malgré le nombre colossal d’erreurs qui jalonneront le parcours de cette idée machiavélique, depuis sa conception jusqu’à sa réalisation et son suivi. De surcroît, très probablement, cette organisation n’est que la partie d’une stratégie beaucoup plus vaste, incluant le calcul coût/bénéfices/risques des guerres à venir ainsi que leur préparatif ; où le 11/9 n’en aura été que le prétexte. Inclure les compagnies aériennes n’est pas nécessaire : seules quelques personnes, de haut niveau, auront du être impliquées, ainsi que quelques seconds couteaux. Pour les médias, c’est leur rôle de transmettre la voix du maître : l’A.F.P. ou Reuters prennent leurs informations directement à la Maison Blanche, qui sait comment s’exprimer pour dicter son message à sens unique, grâce à ses experts en communication. En fait de faux avions, est-il inconcevable d’imaginer que le Pentagone ne puisse fournir deux avions Boeing (ce qui reste à avérer, soit dit en passant) et deux missiles (ce qui est avéré par les arguments du Mouvement) avec un budget d’environ un milliard de dollars par jour pour la “défense” américaine ? Quant à l’administration, son rôle n’est-il justement pas d’administrer, d’organiser ? En fait, très probablement, le “complot” (1) est bien plus énorme qu’il ne prétend qu’il pourrait être et (2) va bien au-delà de ce jour fatidique que l’on réduit à cet arbre “benladisé” et ridicule qui cache la forêt sans doute bien plus terrifiante des intentions réelles de l’élite dirigeante.

  1. “C’est une opération vraiment risquée. La probabilité d’une fuite est très élevée” : des fuites, il y en a eu son lot, et il en sourd régulièrement. Ce n’est donc pas un problème de “risque”, et ipso facto, encore moins, de “probabilité de risque”. Les témoignages nombreux – des centaines – d’hommes de terrain, de familles de victimes, d’experts divers, d’officiels, de militaires, de politiques-mêmes et en plus de cela, les mensonges évidents des protagonistes eux-mêmes (Bush, Cheney, etc.), sans parler des omissions flagrantes du discours officiel, comptent assurément pour des “fuites”. Mais, noyés dans un flot incessant de nouvelles quotidiennes, où la part dévolue au sujet du 11/9 est largement dominée par la version officielle, le système parvient à la fois à laisser transpirer ces fuites, sans les laisser respirer pour survivre. C’est donc plutôt une question de poids respectifs des forces en présence. Le poids des médias dominants – et des centres de pouvoirs en tant qu’ils contrôlent et reposent sur les systèmes médiatiques – contre le poids d’individus nécessairement isolés, dont les témoignages apparaissent toujours paradoxaux. Qui oserait franchir le Rubicon, la ligne rouge? Un élément isolé (par définition) face au système, peut-il faire le poids ? Et qui garantit qu’une fois la fuite effective, elle serait suivie d’effets, c’est-à-dire médiatisée par les journaux dominants aux mains précisément des centres de pouvoirs (de familles travaillant en réseau avec des gens partageant les mêmes intérêts de classe)? Pour qu’elle le soit, il faudrait nécessairement passer par le relais médiatique, dont la fonction, à en croire Chomsky, mais dans d’autres textes antécédents le 11/9, n’est surtout pas de dire le vrai. Sur le 11/9, les médias ont été dans l’ensemble d’une remarquable obéissance à leurs maîtres. Il suffit de voir le traitement réservé en Europe ou aux Etats-Unis à ceux19 qui osent se prononcer clairement à ce sujet, humoristes, hommes politiques, acteurs, journalistes etc., pour se convaincre que le rôle des médias ne consiste pas à informer les gens ou relayer une information objective à propos des événements politiques et économiques, mais bien à servir de chiens de garde du système. Le cas de la télévision danoise qui a autorisé le témoignage de Niels Harrit, ce scientifique qui a co-écrit un article scientifique sur la présence de nanothermite dans la poussière du W.T.C., reste très marginal, heureux pour la vérité, mais tellement excentré ! En conclusion, la probabilité de la fuite est un faux problème, mais ce peut être utile de l’exprimer ainsi, pour apporter son grain à l’épaississement de l’écran de fumée autour du sujet. Qui mieux qu’un linguiste réputé peut jouer ainsi avec les mots pour se payer de la réalité ? “Opération”, oui. “Risquée”, peut-être. Mais la “probabilité de fuite” ça, c’est à l’analyse, un paralogisme en complète contradiction avec le Chomsky d’avant le11/9, et plus largement, avec la réalité du monde contemporain.

  1. “Et la moindre fuite aurait aligné tous les dirigeants devant le peloton d’éxécution, et sonné le glas du Parti Républicain à jamais”: il y a plusieurs présupposés dans ce seul membre de phrase qui, une fois mis au jour, peut en démontrer l’insignifiance, sans nécessairement pouvoir en stopper l’effet recherché auprès du grand public. Le premier, c’est que toute fuite génèrerait aussitôt une réponse proportionnée à l’ampleur du scandale, ce qu’une analyse nécessairement alternative de l’histoire des médias, contredirait pleinement. Cela contredit aussi complètement Chomsky lui-même par rapport à ses écrits antécédents sur le sujet des médias et du politique. A le lire, dans ses ouvrages datant du XXè siècle, le système se protège notamment grâce aux médias et aux hommes politiques : une fuite n’est donc même pas envisageable théoriquement de ces côtés-là. Ce serait contradictoire avec leur véritable fonction. Le second, c’est que l’orchestration de ce “coup d’état” serait le fait du seul parti Républicain et que celui-ci serait distinct du parti Démocrate. La collusion entre les deux partis qui s’arrogent le pouvoir alternativement est avérée depuis près d’un siècle au moins20. Serait-il, pour un homme politique d’un certain rang, vraiment utile de se tirer une balle dans le pied ? Au demeurant, le système politique ne coopte à un haut niveau que ceux qui correspondent à un profil convenable et durable pour le système. Les mauvais coucheurs sont priés de rester à l’écart du système, et restent donc bloqués à des postes subalternes, mis sur de voies de garage ou manipulés à leur insu. Au niveau de l’élite politico-financière américaine, ce qu’il convient d’appeler “politique” n’a plus rien avoir avec ce que le commun des mortels peut en penser. De leur point de vue, la République, le système poltique, les personnalités ne sont que des moyens, non une fin en soi. Seul existent un système élitaire – une oligarchie qui fonctionne en réseau – et les mirages qu’ils imaginent pour les divulguer à leurs chiens de garde, ces médias qui “informent” la masse, ces pions qu’on place sur un échiquier grandeur globale, et ces règles de jeu où le droit sert de levier et non de loi. Dans ce renversement de perspective total, les maîtres dominent le peuple dans un rapport de force permanent, où les uns disposent de tout l’appareil d’Etat, les autres de leur nombre croissant mais dans un rapport social toujours plus distendu et toujours moins équilibré qu’auparavant. La grande différence au XXIè siècle par rapport aux autres époques, c’est l’avénement d’une concentration exponentielle des atouts conjugués de l’informatique, des télécommunications, de toutes les sciences et, concomitamment, l’atomisation, l’abrutissement et la déshumanisation croissante des citoyens. Une fuite suivie du peloton pour des hommes politiques ? Une drôle d’idée, un brin romantique, séduisante donc, mais qui ne correspond très probablement à aucune époque assignable. Peut-être une idée de scénario à proposer à Hollywood, l’infatigable Propaganda Abteilung du gouvernement américain depuis les années ’40 jusqu’à ce jour ? Bref, primo : une fuite, à défaut d’être contrôlée ou récupérée, ne peut être par principe suivie d’effet dans le monde médiatique réel actuel ; la vérité sur le 11/9 est là, bien présente rationnellement dans toute la production intellectuelle et médiatique alternative, et le système n’en fait rien, sauf tenter, avec un succès mitigé mais suffisant, d’en contenir toutes les sorties inconvenantes par un contre-courant d’intox renforçant la version officielle par la répétition des slogans habituels. Secundo, le parti républicain n’est qu’une couverture pseudo-démocratique d’un système qui n’a aucun intérêt à modifier les règles d’une théâtre si propice à protéger les intérêts de l’élite. Donc, l’argument n° 20 de Chomsky repose bien sur deux pétitions de principe que ses propres écrits précédent le 11/9 contredisent pleinement : nouvelle opération de camouflage linguistique et nouvelle contradiction.

  1. “Un prétexte pour faire ce qu’ils auraient fait de toute manière, sous un autre prétexte qu’ils auraient pu trouver” : quoi ? Une ambassade démolie avec des explosifs, des otages américains enlevés, un sous-marin de la Navy coulé ? Ces scénarios, déjà testés historiquement grandeur nature, ressassés, n’auraient jamais eu la portée souhaitée et nécessaire. Le 11/9 n’est pas un prétexte quelconque et un prétexte quelconque n’aurait pas suffit psychologiquement à obtenir le résultat escompté, qui va bien au-delà de cet événement tragique. Il fallait un scénario digne d’Hollywood, palpable des yeux, avec des images si frappantes qu’elles allaient pouvoir opérer comme autant de “preuves” apparemment crédibles pour un certain public majoritaire. Avec des victimes civiles, américaines et “innocentes”, qui plus est, sur le sol américain, ce qui reste une première historiquement. Le tout, au cœur des symboles du pouvoir militaire, économique et politique de “la plus grande démocratie” du monde : soit un savant cocktail, qui ne peut qu’avoir été pensé dans un “think tank” militaire ad hoc. Si l’on suit l’hypothèse d’un “inside job“, l’organisation d’un tel coup a dû certainement nécessiter un travail effectivement colossal, impliquant naturellement tous les services compétents, justifié par l’ampleur du projet de “nouveau siècle américain21” des faucons du parti républicain, capable de rallier une part majoritaire de la population domestique et suffisante de la communauté internationale. L’événement devait susciter une émotion intense, et les ressorts de cette entreprise se devaient d’être particulièrement bien serrés pour obtenir l’effet désiré. Prétendument donc, “choc des civilisations” par le détournement d’avions de lignes à des fins terroristes présumées pour pouvoir légitimer une “guerre contre le terrorisme” censément proportionnée. Cette guerre est en réalité un chèque en blanc que l’élite “politico”-financière américaine s’est donné, par la grâce de cet exploit militaire intérieur, pour pouvoir et envahir le Proche-Orient et atténuer drastiquement les libertés civiles du peuple américain, tout en se réservant à tout moment, si nécessaire, de les suspendre martialement (cf. Patriot Act I & II, possibles uniquement sur fond de la version officielle du 11/9). Loin d’être un prétexte quelconque, le 11/9 est un exploit militaire sans précédent – bancal au dernier degré à l’analyse, mais combien sont en mesure d’analyser ? – et plus encore, une opération de communication totalement inouïe, si l’on considère l’effet recherché et effectivement obtenu.

  1. “les théories sur le 11/9 (…) exercent le même attrait que le fondamentalisme religieux”: à nouveau, Chomsky fait usage du mot “théorie” pour diminuer l’adversaire. Lier ces soi-disant théories à un “attrait pour le fondamentalisme religieux” semble faire fi de la démarche rationnelle du mouvement pour la vérité sur le 11/9, qui n’a strictement aucun rapport avec la religion, et encore moins avec le fondamentalisme, qui en est une forme radicale. L’amalgame entre “théorie” et “fanatisme” semble destiné, comme tout au long de cet extrait, à enfoncer un même clou (la partie adverse est irrationnelle), grâce au même marteau (l’argument ad hominem). L’auteur le plus réputé sur le 11/9, R. Griffin est certes un théologien réputé qui s’y connaît en matière de mythes. Mais pas une phrase de son livre “La faillite des médias“, qui porte exclusivement sur le 11/9, n’a un quelconque rapport, de près ou de loin, avec la pensée religieuse. Comme il le note non sans humour dans un article publié à propos de ses intellectuels manifestement en service commandé pour discréditer les opposants à la version officielle, il s’y connaît en effet tout particulièrement en matière mythologique, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il s’est intéressé à la version officielle sur le 11/9.

  1. “Internet a un effet pervers (…) n’importe qui peut lancer une théorie” : passons sur le n-ième usage du même clou qui limite le recours aux théories au seul camp alternatif pour réserver celui de l’intuition de la vérité aux tenants du discours officiel. On ne voit pas très bien, avec ce nouvel “argument”, en quoi Internet permet mieux qu’avant de lancer une théorie. Avant Internet, n’importe qui pouvait déjà lancer une théorie. Certes, elle n’avait pas nécessairement le même écho, puisqu’il fallait passer par un éditeur et donc ladite théorie devait sans doute avoir été davantage élaborée, voire édulcorée (?), pour pouvoir passer la rampe de l’édition et in fine, avoir éventuellement un impact public. Notons au passage l’utilisation fine du mot “pervers”, qui associe subrepticement la liberté d’expression que rend possible Internet à un terme à connotation sexuelle, permettant, si l’on ose écrire, de mettre les tenants de théories alternatives, dans une sale position. On n’est pas loin de l’attentat à la pudeur. Il n’y a, à proprement parler, rien de spécifiquement pervers avec Internet qu’on n’eût pu retrouver tel quel dans le monde d’avant cette nouvelle forme de communication, sinon la vitesse, le degré de liberté avec laquelle l’expression peut être transmise. Au demeurant, les documents les plus probants et les mieux construits, les plus complets et convaincants sur le 11/9 restent les livres, et nul n’est besoin d’Internet pour disqualifier, point par point, tous les éléments de la version officielle. Cependant, Internet a eu un effet salutaire pour les citoyens avertis grâce à l’absence de filtres éditoriaux classiques pour une part non-négligeable de sites, qu’il s’agisse de documents élaborés d’après les règles de la publication académique, ou non, de reportages, de témoignages ou de films. Cet effet salutaire pour le camp alternatif ne peut être naturellement perçu que comme “pervers” par le camp officiel. On gagera que Chomsky n’étant pas n’importe qui, lorsqu’il lance ses idées sur le 11/9 sur Internet, cela n’aura aucun effet pervers. Sauf peut-être pour la vérité.

  1. “une énorme industrie qui s’auto-alimente”: Monsanto, Microsoft ou Nestlé, pour citer des exemples, sont d’énormes industries au sens propre, des multinationales ou des cartels comprenant des dizaines de milliers de collaborateurs. Ce n’est pas vraiment le cas du mouvement pour la vérité sur le 11/9, qui réunit informellement tout au plus un milliers et quelques d’experts de divers horizons professionnels. Ce n’est ni énorme, ni industriel, sauf par excès de zèle linguistique, esprit d’hyperbole ou métaphore osée. Le propre d’une industrie est de produire un ou plusieurs produits déterminés, habituellement dans le but de générer du profit, comme toutes entreprises. Si on ne peut exclure a priori la possibilité, dans tout mouvement de cette nature, de récupération commerciale dans le chef de certains de ses membres, en l’espèce, ce qui motive ces gens est bien autre chose que l’argent. Hormis peut-être quelques succès de ventes (les quelques-uns qui ont pu vendre suffisamment d’exemplaires de leur films ou de leur livre et rentrer dans leurs frais), l’immense majorité des membres participe à titre gracieux et au nom de la recherche de la vérité. L’ “auto-alimentation” qu’il évoque à ce propos, qu’on retrouve par exemple très probablement dans des secteurs d’une autre ampleur, les domaines22 médical, pharmacologique, pétrolier, agro-alimentaire, sanitaire, environnemental en particulier, n’existerait dans ce mouvement que sous la forme, bien peu industrielle, de simples échanges d’informations entre citoyens, destinés à pallier les failles béantes de la version officielle. Certes, ces échanges aboutissent à tant d’indices et de preuves, qu’accorder du crédit à la version officiel devient difficile. Mais énormément de preuves ne signifie pas qu’il s’agisse d’une production industrielle. Chaque film, vidéo, textes ou enquête du Mouvement sont à chaque fois des produits artisanaux, personnels et uniques, sans esprit de lucre. C’est donc tout le contraire.

  1. “les gens honnêtes, sincères, me demandent « Dites-moi ce que je peux faire ? » (…) Et un jour ils se disent : «Ah, voilà ce que je peux faire : devenir en une heure ingénieur qualifié en génie civil et prouver que c’est Bush qui a fait sauter les tours jumelles” : cette assertion est trop “café du commerce” pour être prise au sérieux un seul instant. D’abord elle contient une généralisation parfaitement inconvenante à propos des gens d’un certain profil moral et social, et ensuite, il leur est fait un procès d’intention. Qui a jamais rencontré quelqu’un de cette classe sociale ayant sincèrement une telle prétention? Personne. Que les gens se laissent aller à proférer des opinions à propos de tout et de rien, c’est une propension ordinaire qui relève de la condition humaine. L’orgueil en est souvent le moteur, et la peur peut souvent amener nombres de gens aisés à succomber à l’indomptable désir de combler leur propre ignorance par un semblant de connaissances. Mais sur un tel sujet de portée civique et politique majeur, les gens doivent se faire une opinion, “doivent” au sens sartrien où ils y sont “condamnés” (Sartre disaient ainsi que nous “sommes condamnés à la liberté”, car nous n’avons à ce sujet aucune liberté de choix); la société humaine n’est-elle pas politique par essence? Idéalement, les citoyens devraient se forger des connaissances plutôt que de se laisser aller à des opinions, en confrontant des sources variées, en examinant par eux-mêmes les données du problème et en dialoguant entre eux pour tenter d’expliquer rationnellement le 11/9. Sans d’ailleurs, pour autant et forcément, parvenir à une vérité définitive sur le 11/9. Qui pourrait, sinon les véritables commanditaires ? Mais, il appartient à chacun – c’est en tout cas à la portée de toute personne suffisamment compétente – de pouvoir, à partir d’un certain nombre d’éléments probants, et sans verser dans une facile extrapolation, voir clairement les divers mensonges et incohérences du discours officiel, sur l’un ou l’autre des multiples aspects de cet événement sans précédent historique. Et enfin, parvenir à une vérité relative, permettant au moins de distinguer si le 11/9 est un véritable “attentat” ou bien une opération militaire et de communication. Oui, les gens “aisés” (ayant un diplôme d’études supérieures?) plus que d’autres, en raison de leur responsabilité civique accrue par leur formation et leurs moyens, ont un rôle à jouer pour contribuer à répandre la mauvaise nouvelle d’un “gouvernement” qui s’apparente manifestement à un syndicat du crime. Chomsky chercherait-il à décourager les citoyens honnêtes et aisés à participer à cette nécessaire dénonciation ?

  1. Je suis sûr qu’à Washington ils applaudissent des deux mains.” : ce serait sans doute vrai si la version officielle correspondait à la vérité. Dans le cas contraire, on ne voit pas très bien comment une élite de criminels au pouvoir pourrait se satisfaire d’un mouvement toujours croissant d’associations de citoyens honnêtes, mais têtus, qui dénoncent sans relâche et courageusement leurs crimes. Le propos de Chomsky est de dire que d’autres événements actuels sont plus importants et que ce retour en arrière permet d’éviter de “traiter les vrais problèmes actuels”. C’est vouloir faire oublier que le 11/9 marque un tournant décisif dans la façon de faire de la politique, et surtout, qu’il semble n’être qu’une pièce d’un tout organisé, devant mener à un accroissement des guerres expansionnistes de l’Empire américain, voire, ce qui est encore beaucoup plus grave, à une fuite en avant vers le désastre global généralisé. Croire qu’il y a des précédents historiques, tel l’incendie du Reichstag par les nazis en 1938 ou Pearl Harbour en 1942, ce serait outrancièrement réducteur. Qu’il y ait des parallèles à établir, soit. Mais la complexité de ces événements rejoint celle de leurs contextes historiques respectifs. Or, le développement exponentiel des technosciences et des techniques communicationnelles d’une part, la position dominante d’une élite à dominante anglo-américano-juive, comprenant du reste également des relais musulmans indispensables (Ben Laden, sa famille, les Princes saoudiens notamment), d’autre part, rendent le 11/9 foncièrement incomparable. Par son ampleur, sa préparation, son exécution, sa couverture médiatique23, son exemplarité méthodologique, sa communication continue ainsi que le dessein impérialiste de démantèlement mondial manifestement organisé qu’ils sous-tend, il est cet événement paradoxal que Washington doit à la fois exploiter sans cesse indirectement pour légitimer ses guerres illégales et dispendieuses, tout en évitant à tout prix un intérêt citoyen trop scrutatif et direct. Exercice difficile, dont Chomsky semble jouer le rôle d’expert en communication, à vocation préemptive, face à une classe de “gens honnêtes et sincères”, qui prétendraient agir en citoyens responsables.

VI. Synthèse comparative des méthodes chomskyennes

Si l’on compare la prise de position essentiellement implicite qui se dégage de cette interview analysée ci-dessus aux écrits précédents le 11/9 du même auteur, la première différence qui saute aux yeux est celle de la méthode24 et du niveau de qualité intellectuelle. Que trouve-t-on dans ce document qu’on ne voit généralement pas chez Chomsky ailleurs ?

  • Logiquement d’abord : des concepts douteux, ambigus, des amalgames d’éléments hétérogènes, des propositions fausses ou sans fondement, des paralogismes, des non-arguments (parce que ad hominem), des énoncés auto-contradictoires, des contradictions par rapport à ses écrits antérieurs, des inexactitudes, des jugements à l’emporte-pièce et une méthode peu vénérable consistant à isoler arbitrairement des variables. Bref, il s’agit d’un discours globalement spécieux.

  • Stylistiquement ensuite: l’utilisation de nombreux présupposés pour masquer une procédure constante de dénigrement des camps rétifs à la version officielle, des formulations vagues, des mélanges de genre conceptuel infondés, des hyperboles démesurées, donc, une parole volontairement confuse.

  • Moralement : des généralisations abusives, des procès d’intention grotesques, des sophismes, des exagérations, des arguments d’autorité, une non-connaissance manifeste des positions opposées, en un mot, un esprit manifestement malhonnête.

  • Et enfin, scientifiquement : pas de théorie propre, pas d’élément de preuve ou de contre-preuve, le discours pourtant suspect de la Maison-Blanche comme théorie par défaut, aucun élément scientifique ni la moindre trace d’un esprit scientifique 25 ; en clair, une démarche complètement anti-scientifique et purement rhétorique.

VII. Réponses aux questions

Reprenons les questions de départ à présent :

  1. Quelle théorie Chomsky défend-il effectivement à propos du 11/9 ?

  1. Par quelles preuves ou arguments l’étaye-t-il ?

  1. Quelle réflexion tirer de sa position sur sa personne ?

Réponses :

  1. Noam Chomsky n’a pas de théorie sur le 11/9 ; il suit, implicitement, la version officielle. Mais il dénigre volontiers le mouvement pour la vérité sur le 11/9 sans le connaître. Griffin a amplement démontré que la version officielle est une “théorie du complot” et que, à l’analyse, elle repose sur la croyance en des miracles 26 auxquels on ne peut prêter foi, sauf par intérêt et par malhonnêteté intellectuelle complète. Chomsky n’ayant aucune théorie à soumettre, il se contente quasi-exclusivement de tenter de décrédibiliser indistinctement les camps alternatif ou dubitatif, en utilisant principalement sa réputation et ses qualités d’expert linguistique pour masquer l’absence totale d’arguments précis, de faits avérés ou de références exactes, par des énoncés dont on aura pu mesurer tout le savoir-faire sophistique.

  1. Il n’apporte donc aucune preuve, aucun élément factuel, aucune connaissance, d’aucune sorte ; uniquement un ensemble de phrases dénuées de signification, de crédibilité et de fondement, mais non de présupposés : aucun de ses énoncés sur le 11/9 dans l’interview de D. Barsamian ne tient la route ou ne résiste à l’analyse. Son langage sur ce sujet est totalement inconsistant, quoique non dénué de tout effet potentiellement performatif pour un public intellectuellement faible. Par la grâce d’une autorité dont il aura su abuser en l’espèce malgré l’inanité de sa position sur le 11/9, il semble que l’image de linguiste réputé mondialement, de monument de la contre-culture et de l’altermondialisme continue de d’opérer auprès d’un très large public de gens aisés et moins aisés. Que le présent article puisse contribuer à faire changer cette image fausse !

  1. Cette question capitale mérite plus de nuances dans la réponse, car finalement nous n’avons là-dessus que nos hypothèses, aucune certitude, contrairement au premier et deuxième point qui, cela est à espérer, ont été suffisamment établis. Le premier point, par la communauté des gens qui cherchent rationnellement la vérité au sujet de cet événement pour des raisons civiques ou personnelles et non pour défendre un (ou le) système : le Mouvement pour la vérité sur le 11/9. Le deuxième, objet du présent article, devrait à ce stade, apparaître également comme un sujet définitivement clos : la démonstration en aura été faite. Pour le troisième point, on peut se demander si Noam Chomsky aurait également connu, à l’instar d’illustres penseurs du XXè s., son tournant (cf. la Kehre de Heidegger, le “second” Wittgenstein) à l’occasion des attentats du 11/9. Aurions-nous affaire à un Chomsky modifié ? Un alterchomsky ?

Force est de devoir déplorer que ce “second” Chomsky ne ressemble plus du tout au premier, ni quant au contenu, ni quant à la méthode, ni même, pourrait-on arguer, quant au camp présumé qui a (aurait ?) été le sien auparavant.

C’est là que tout jugement porté sur le 11/9 peut présenter cette étonnante vertu, de puissant révélateur philosophique de types de personnalité très contrastés civiquement. En effet, pour saisir, tout à la fois, les éléments scientifiques en question, les discours et les faits qui s’y rapportent, pour en dégager enfin la signification et la portée pour les confronter à la teneur réelle des propos de Chomsky, il faut assurément un esprit lucide, ouvert et jaloux du principe de vérité. Mais le 11/9 ne suscite pas toujours ce type d’heureuse disposition ; voici donc les figures habituelles que l’on peut dégager des principaux types de réactions, toutes assez dramatiques à l’exception de la dernière :

  • l’ignorant, qui ne lit rien, mal ou les mauvaises lectures ; il croit savoir mais ne sait rien, puisqu’il fait l’impasse sur la plupart des éléments essentiels par manque de méthode et d’esprit scientifique, et se contente de laisser son esprit être conditionné par la propagande.

  • L’autruche, qui pressent “l’effroyable imposture”, mais qui a trop peur des effets indésirables d’une telle révélation sur son équilibre psychologique ; il suspend sa responsabilité civique.

  • Le collabo(rateur), qui a choisi cyniquement son camp, et qui préfère, par intérêt, lâcheté ou conservatisme, suivre le plus fort ; on connaît l’effet d’une telle posture en tant de guerre, et nous y sommes. Enfin,

  • le cherchant, qui est ouvert par principe à la nouveauté, mais intransigeant sur la question de la justice, capable de douter et de se remettre en question ; courageux ou téméraire, humble ou non, il veut connaître la vérité, car il conçoit celle-ci comme l’aspiration la plus essentielle à l’homme digne.

Eu égard à ce que révèle l’analyse ci-dessus, à savoir, que le second Chomsky apparaît métamorphosé comme un pur produit de ce système qu’il a (prétendu ?) critiqué(r) tout au long de sa carrière universitaire, qu’il est de fait capable de tenir des propos incohérents, dépourvus de toute honnêteté intellectuelle ou morale pour défendre l’indéfendable sur la seul base du capital de confiance qu’il aura su bâtir au fil de ses écrits et de ses prises de position politique, avec l’aide incommensurable des médias, qui donc est Chomsky ? A quelle figure ci-dessus correspond-t-il ?

La question de son identité réelle alors peut se déployer selon trois hypothèses, soit :

  1. il est sincèrement d’avis que le 11/9 correspond à la version officielle ;

ou bien,

  1. il aura été personnellement menacé, lui-même ou ses proches, par la C.I.A. ;

ou bien,

  1. Chomsky serait un agent du système, en dépit de bien des apparences.

Ces trois hypothèses pour tenter d’expliquer sa position ne sont pas toutes crédibles au même degré :

    1. Cette hypothèse paraît exclue, car elle signifierait que Chomsky aurait perdu la raison, ou qu’il serait vraiment dépassé par la révolution internet 27, mais aussi qu’il n’aurait pas pris la peine de lire ou de ne visionner aucune des enquêtes sérieuses et documentées sur la question, citées plus haut. Chomsky les ignore complètement : que ce soit volontaire ou non, intellectuellement, ce serait inacceptable. Ou alors serait-il lui-même victime de la propagande ? C’est peu crédible.

    1. Menacé ? Il n’en donne pas les signes. Les vidéos où on l’interviewe à ce sujet, disponibles sur Internet, et le ton de ces phrases, montrent un homme plutôt sûr de lui-même. Il ne donne pas, contrairement à Bush par exemple, le sentiment de mentir. Mais il se peut qu’il soit plus capable de mentir qu’on imagine. Cette hypothèse paraît peu probable, mais n’est jamais à exclure tant le “second” Chomsky paraît anti-chomskien. A-t-il voulu lancer un message implicite à ces lecteurs, ce que démontrerait l’inanité constante de sa position sur le sujet, en totale opposition avec son style et son niveau intellectuel habituel ?

    1. Faut-il alors retenir cette idée qu’il serait en fait un agent double? Une sorte de traître de la cause anarchiste qui, sous couvert de critiquer le système, en réalité, devancerait toutes les critiques les plus radicales, étant d’ailleurs professionnellement payé pour étudier l’Empire américain, en prenant les devants pour déjouer par avance toute velléité de remettre vraiment le système en question ? Le second Chomsky semble être un homme ayant, à l’occasion du 11/9, bien choisi son camp. S’il a été chercheur tout au long de sa vie, aujourd’hui, c’est clair sur ce point en tout cas, il ne cherche pas ou plus. Il a trouvé : il convient de collaborer au renforcement de la version officielle.

VIII. Conclusions

Accepter la version officielle du 11/9 n’est pas anodin, l’expression d’une simple opinion, c’est une prise de parti civique. Et prendre ce parti, c’est accepter d’embrasser les pires couleuvres politiques, parce que cet événement participe manifestement d’une stratégie globale mise en œuvre par l’élite : extinction programmée de l’Etat de droit et des libertés civiques, meurtres de masse de compatriotes et d’étrangers, guerres illégales ad libitum et dans le monde entier (sans loi, sans limites dans le temps ou l’espace !), fin définitives donc des souverainetés nationales, explosion des budgets de l’armée la plus puissante du monde (dont le budget excède celui de toutes les armées du monde réunies), explosion sans précédents historiques du nombre d’agences de renseignement 28, vol accru des deniers publiques, etc., ce qui en somme, revient à soutenir un régime impliquant un futur toujours plus sombre pour la masse. Un régime hypertotalitaire, version XXIè siècle.

Si N. Chomsky est un agent double du système, ce qui au vu de cette prise de position révélée par le bain philosophique qui vient de lui être appliqué paraît le moins improbable, il relèverait alors en tant qu’élément du système, d’un même degré de perversité que celle qui paraît avoir présidé à l’organisation du 11/9. Tout aussi difficile à accepter. Car accepter cela, c’est admettre que le public est grugé de part en part, que le système en haut de la pyramide du pouvoir mondial, présentent des traits insoupçonnables pour le commun de mortels. Chaque élément, notamment même l’opposition y est subrepticement infiltrée 29 par les meilleurs éléments, pour déjouer préventivement toute tentative de renversement. Chomsky, une arme de préemption intellectuelle au service de l’empire ?

C’est pourquoi, il a paru utile de montrer, à travers l’exemplaire exemple de N. Chomsky, combien le monde contemporain, est en prise avec des tactiques complètement différentes des guerres précédentes. Singulièrement, sur le plan intellectuel qui nous concerne ici, pour neutraliser l’opposition depuis le haut, et partant toute opposition. Chomsky alors, un fasciste passif ou actif ?

Au-delà de l’élément Chomsky comme paradigme intellectuel du système, et même plus généralement du 11/9 30 comme épisode véritablement paradigmatique de notre époque, il convient, à la lumière de ce qui a été écrit ici et des nombreuses références intellectuelles dignes de confiance citées plus haut, de comprendre qu’avec ces enquêtes, toute autorité, gouvernementale, judiciaire, légale, militaire, financière, intellectuelle ou médiatique, disparaît. Tenues en laisse par un ou plusieurs groupes criminels dans la perspective de la mise en place toujours plus probable d’un nouvel ordre mondial 31, ces “autorités” n’existent plus, malgré ce que le feu constant de la propagande médiatico-“politique” voudrait nous faire accroire. Il n’y a donc plus d’autorité, si ce n’est celle que chaque citoyen se donnera à la lumière des multiples foyers de résistance qui foisonnent sur Internet et ailleurs dans le monde. L’heure est à la résistance, mais une résistance d’une nature très différente de celle de la seconde guerre mondiale, capable de prendre la mesure de ce que les meilleurs héritiers des nazis ont capitalisé pour nous tenir, nous exploiter et peut-être demain, nous exterminer.

Le rôle du juif de la seconde guerre mondiale pourrait bien être incessamment tenu par nous tous, les goys du monde qui ne sont pas de l’élite. Aux armes 32 citoyens !

Note

1 Il est primordial de comprendre, même si beaucoup de gens se laissent berner par la propagande, que le seul “conspirationnisme” qui soit, et ce malgré le matraquage constant du système pour affubler ce qualificatif à ceux-là même qui se défendent de l’utiliser à mal escient, est celui de la version officielle : soit une conspiration de quelques arabes enragés, qui décident un beau jour d’attaquer l’Empire en détournant des avions civils grâce à des cutters, vers les sites vraisemblablement les mieux protégés du monde, par une armée certainement la plus puissante et technologiquement avancée qu’ait connu le monde. Ce scénario, pour rocambolesque qu’il soit, est sans doute la fable politique la plus invraisemblable qui ait été jamais concoctée, mais qui constitue néanmoins, pour le moment, une grande victoire en matière de communication, une majorité de gens continuant d’accréditer la version officielle. Ceci démontre le pouvoir de la propagande et la puissance inversément proportionnelle de l’aveuglement, de la bêtise ou de l’ignorance humaine. Jusqu’à preuve judiciaire du contraire, il n’y a jamais eu d’enquête réelle, ce qui est en soi inouï et bien plus qu’un simple preuve contre la véracité de la version officielle. Le concept de “conspirationniste”, plus subtile encore, parce qu’il sous-tend un argument ad hominem, soit un non-argument précisément, est utilisé avec succès par la propagande, la plupart des gens le reprennant à leur compte sans réflexion à force de le voir suggéré ou répété dans les médias. En fait, celui-ci sert à disqualifier tout quiconque ose dépasser le cercle toujours plus orwellien et limité de ce qu’il est permis de dire. L’usage de ce qualificatif par le système et ses défenseurs, sciemment ou par paresse intellectuelle, borne systématiquement la liberté d’expression.

2 Lire R. R. Griffin „La faillite des médias » ou Eric Laurent « La face cachée du 11/9 » et plus généralement, les productions écrites et vidéos du Mouvement pour la vérité sur le 11/9.

3 Notons toutefois qu’à l’occasion d’une de ces conférences, Chomsky a tout de même sorti une question de deux mots à propos du 11/9 qui n’apparaît pas dans ce livre, mais qui dénote peut-être l’essence de sa position sur le sujet et mérite donc d’être signalé, tant elle résume la tonalité générale de sa position. Sa question : “who cares ?”.

4 Comme le choix des mots est, en matière politique et /ou lingistique, d’une importance capitale pour comprendre le sens des choses, les guillemets autour des mots-clés (théorie, complot et attentat) y sont à la fois pour en souligner l’importance ici, mais aussi pour faire ressortir la variabilité des connotations possibles, selon le contexte et l’effet performatif recherché par qui les utilise.

5 “A = B”, ou mise en relation des deux concepts A et B. Soit, par exemple : « Le mouvement pour la vérité sur le 11/9 (A) est (=) une industrie fanatique (B) », révélateur de la position chomskyenne sur le 11/9.

6 En effet, de nombreux faits simples avérés à propos du 11/9 permettent d’invalider la version officielle. Même isolé, un seul de ces “faits” suffirait à lui seul à nécessiter des explications officielles autres que celles mises en avant par l’administration américaine. A fortiori, s’ils sont pris ensemble : présence de nanothermite dans la poussière, délit d’initié le jour précédent l’attaque, incapacité des “terroristes” à piloter un Cessna, impossibilité pratique de manœuvrer un Boeing comme prétendu selon des pilotes chevronnés, “omission” d’une enquête officielle, “volatilisation” inédite de pièces en titane, d’avions entiers même, impossibilités physiques diverses, témoignages convergents de perception d’explosion précédent l’écroulement du WTC, chute inexpliquée de la tour n° 7, etc. (la liste complète est très longue). Les références parmi les plus autorisées sur le 11/9 (Griffin, Chiesa, etc.) procède du reste sans élaborer de “théorie”. Ils se contente d’invalider le discours officiel en démontant un à un les mensonges de la version officielle. C’est le questionnement appelé ici “dubitatif”.

7 En effet, de nombreux faits simples avérés à propos du 11/9 permettent d’invalider la version officielle. Même isolé, un seul de ces “faits” suffirait à lui seul à nécessiter des explications officielles autres que celles mises en avant par l’administration américaine. A fortiori, s’ils sont pris ensemble : présence de nanothermite dans la poussière, délit d’initié le jour précédent l’attaque, incapacité des “terroristes” à piloter un Cessna, impossibilité pratique de manœuvrer un Boeing comme prétendu selon des pilotes chevronnés, “omission” d’une enquête officielle, “volatilisation” inédite de pièces en titane, d’avions entiers même, impossibilités physiques diverses, témoignages convergents de perception d’explosion précédent l’écroulement du WTC, chute inexpliquée de la tour n° 7, etc. (la liste complète est très longue). Les références parmi les plus autorisées sur le 11/9 (Griffin, Chiesa, etc.) procède du reste sans élaborer de “théorie”. Ils se contente d’invalider le discours officiel en démontant un à un les mensonges de la version officielle. C’est le questionnement appelé ici “dubitatif”.

8 Le “Rapport Officiel de la Commission sur le 11/9” comprend tant de parti-pris, de non-réponses aux questions les plus légitimes, d’éléments fondamentaux omis, qu’il peut être légitimement considéré – de l’aveu même des protagonistes de cette enquête – comme un écran de fumée. Si l’on retient l’hypothèse de la version alternative, mieux encore, du questionnement “dubitatif”, on comprendra mieux que Bush ait préféré demander directement aux criminels d’ “enquêter ” sur leurs propres crimes, avec un budget suffisamment dérisoire pour frapper un grand coup d’épée dans l’eau.

9 Le N.I.S.T. est l’organe notamment chargé par le gouvernement d’étudier scientifiquement les éléments du 11/9 : quand la science travaille pour le pouvoir, ce n’est plus du tout de la science, mais du service commandé, ayant seulement l’apparence de la science à des fins communicationnelles.

10 Cf. Deux heures de lucidité, de Noam Chomsky, dans le chapitre intitulé “La démocratie”.

11 C’est-à-dire peu ou prou la nébuleuse impliquant la CIA, la NSA, et autres agences américaines du renseignement, le Gouvernement des E.-U, les Banques Centrales, l’ensemble des organisme dits “internationaux” (B.M., F.M.I., U.E., etc.) et moins directement, le secteur privé des multinationales, et enfin, plus centralement et selon toutes vraisemblances à défaut d’une meilleure théorie, les réunions secrètes des “grands” de ce monde, qui se réunissent dans la Trilatérale, le Council on Foreign Relation (C.F.R.) ou Bilderberg principalement.

12 Voir les vidéos YouTube sur ce sujet, en tapant les mots-clés correspondants.

13 Cf. YouTube, vidéos montrant Bush en train de se mêler les pinceaux, soit à propos du visionnement du crash du premier avion, soit à propos de la présence d’explosifs dans les tours.

14 Voir les vidéos YouTube de Chomsky sur le 11/9.

15 Cf. Noam Chomsky, De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis ou bien encore, War on Terror, deux écrits, à titre d’exemples uniquement, où il commence par citer des faits précis, pour ensuite construire son argumentation à partir d’eux.

16 Cf. Ludwig Wittgenstein, “De la Certitude“, 1951.

17 Cf. Bertrand Russell : “It is not what the man of science believes that distinguishes him, but how and why he believes it”.

18 Cf. George Orwell: « Dans un monde de mensonge permanant, dire la verité est un acte révolutionnaire ».

19 Ainsi par exemple, Jean-Marie Bigard, l’humoriste français, le ministre allemand Von Bülow, l’actrice française Marion Cotillard et plus grave naturellement, car ici il s’agit d’une fuite directe et non culturelle, médiatique ou politique, mais “systémique” puisqu’émanant d’un responsable directement impliqué, le cas cet officiel anglais cité plus haut, le Docteur Kelly.

20 1916 est la date qui signe à la fois la fin d’un monde d’ancien régime, avec le transfert du pouvoir éminemment princier de battre monnaie du politique aux argentiers (financiers), avec la création aux Etats-Unis de la Banque centrale et le début véritable de la domination capitaliste qui s’en suivit sur le monde entier. Le 11/9 et les guerres qui en découlent n’en sont que la n-ième forme de perpétuation accentuée.

21 “Project for a New American Century”, des faucons du Parti républicain, (Rumsfeld, Pearle, Cheney, etc.) datant de 1999.

22 Cf. The five Bigs : Big Pharma, Big Medic, Big Agrobiz, Big Finance, Big Insurance.

23 Le 11/9 aura été jusqu’à ce jour l’événement médiatique le plus couvert au monde. Quand Griffin écrit “La faillite des médias” à propos du 11/9, il est intéressant de noter qu’une lecture chomskienne “classique” aurait tôt fait de l’intituler plutôt “Le succès des médias”, entendant par là, leur capacité à opacifier le réel, conformément à leur fonction première, vue du point de vue de l’élite intéressée à une réécriture en temps réel de l’histoire, afin d’éviter toute prise de conscience des véritables enjeux par les masses généralement laborieuses et asservies.

24 David Barsamian, dans la préface de De la propagande, autre livre d’entretiens avec Noam Chomsky, décrit la ‘méthode Chomsky’ comme suit : “La pratique de Noam Chomsky, c’est de vous dire ce qu’il pense, pas ce que vous devez penser. (.. .) Il ne se contente pas de maudire l’obscurantisme, il allume une bougie pour que nous puissions y voir.”. On se demandera avec fruit dans quel mesure l’extrait commenté dans le présent article correspond à cette définition de la méthode présumée de Chomsky selon celui qui l’interviewe.

25 Selon Bachelard, toute connaissance ne peut procéder que d’une question. Il n’y en a pas dans cet extrait à propos du 11/9. En fait, il y en a bien une, mais elle est rhétorique naturellement (“Pourquoi ce débat autour du 11 septembre est-il si bien toléré ?”). Est-ce là la manière de questionner d’un esprit scientifique ou plutôt celle d’asserter d’un “communicateur” (propagandiste) ?

26 Cf. Robert R. Griffin, Left-leaning Despisers of the 9/11 Truth Movement : Do You Really Believe in Miracles ?

27 Internet est devenu en une quinzaine d’années un outil incroyable de recherche pour tout quiconque a été formé à l’école classique, c’est-à-dire avant la décomposition des humanités par un nivellement et une déstructuration toujours plus complète de l’enseignement scolaire. Clairement Chomsky, de son propre aveu, n’en fait pas usage. Il lit des journaux, des documents officiels ou des thèses. Il est donc en effet, de son propre aveu, en retard méthodologiquement sur son époque, depuis l’avénement de cette nouvelle technologie.

28 Selon le quotidien Washington Post, qui a mené une vaste enquête à ce sujet (cf. Le Soir du 17 juillet 2010), “les services de sécurité nationale américains mis en place après le 11 septembre sont devenus si tentaculaires, secrets et inextricables qu’il est impossible d’en connaître avec précision l’efficacité … soit 1271 agences gouvernementales et 1931 compagnies privées, réparties sur 10 000 sites à travers les Etats-Unis, (qui) travaillent sur des programmes liés à la lutte contre le terrorisme ou au renseignement”.

29 Cf. Manufacturing Dissent, de Michel Chossudovsky, qui parodie ainsi Chomsky et son célèbre “Manufacturing Consent” : “Washington does not silence its antiwar critics. Quite the opposite. The inquisitorial social order allows certain forms of dissent. It is politically correct under a ‘democracy’ to condemn US foreign policy in the strongest terms. What is not allowed is to question the inquisition. 

Those who oppose the US Administration are not branded as heretics. Many ‘Progressives’, Liberals and Antiwar activists, led by prominent intellectuals, firmly believe that Muslims were behind the 9/11 attacks. “We are against the war, but we support the war on terrorism.”  The New World Order builds a political and media consensus (i.e. the GWOT) but at the same time it creates and moulds its own opposition. It establishes the limits of dissent. It ‘manufactures dissent’ “.

30 Le 11/9 est à la fois un symbole politique majeur et un outil philosophique de discrimination entre collaborateurs et résistants du XXIè siècle. Comme symbole, c’est le point d’accès à la revendication d’une guerre illimitée contre le “terrorisme” : le coeur de l’Amérique touché par une nébuleuse terroriste en est le prétexte. Militairement, si on accrédite la thèse d’un “inside job”, il ne s’agit alors que d’une opération militaire parmi d’autres, et n’est en fin de compte qu’un moment de la stratégie de l’élite, une composante déterminante mais non finale du rapport de force entre élite et nations. Comme outil de discrimination, il permet de distinguer entre ceux qui comprennent et accepte émotionnellement l’idée et ceux qui la rejettent, par intérêt ou par peur inconsciente.

31 Remarque sur la logique communicationnelle de l’élite : deux bons principes de lecture pour comprendre les intentions réelles qui se cachent derrière les discours du système consiste (a) à appliquer strictement les jugements portés sur l’ennemi à ceux qui les profèrent (ex. “le terrorisme international” = “terrorisme” “national” d’ “Etat”, etc) et (b) à intervertir systématiquement le propos pour retrouver le réel (ex. axe du mal = non axe des victimes ; “apporter la paix et la démocratie” = “envahir par la guerre pour instaurer le capitalisme par la force et déstabiliser le pays” ; “le nouvel ordre mondial” = “maintien du désordre ancien dans l’intérêt d’un groupuscule de gens”) …etc.

32 Notons que la confiscation récente des armes des citoyens en Belgique et dans d’autres pays européens sous le fallacieux prétexte de réduire les violences domestiques possibles, est, dans le contexte de l’établissement d’un “Nouvel Ordre Mondial”, un pas de plus vers l’annihilation de toute possibilité de résistance des populations aux rétrécissements constant de leur droits. Comme le 11/9, cet élément est à penser dans un tout avec d’autres éléments significatifs récents (“Grippe” H1N1, “crise” financière, “augmentation” du prix du pétrole, etc.).

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